Quelle est cette affaire de trou qui nous anime ?
Quelle est cette ville ? et l'affaire d'y vivre. Pour y creuser soi ? Soi-même est absent de toute ville. Ou alors il est entravé par sa posture, muselé dans ses tics et ses trucs. Il ne revient à lui que par la bande, par tout ce qui a été prononcé et qui aurait pu rester dans l'air. Je vis dans la nature insupportable de l'homme, la ville est son trou, son milieu naturel. Et c'est là-dedans, dans le milieu de la parole non parlée et des gestes larvés et des violences télévisuelles et du patronat et de la bêtise comme culture nationale, que je vis. Dans ce trou-là, cette fosse sceptique de tout ce que les humains peuvent faire pour se débarrasser de la pensée. Et notre seul concept sera de tenter malgré tout d'y prendre l'air. Prendre tout. Dire tout et même son contraire. S'égarer dans le voisinage, emporter deux trois idées, traverser quelques histoires, en aimer quelques-unes, et quitter toutes les autres, jusqu'à occuper seul le terrain de l'angoisse. Le terrain de sa propre langue où tout est à faire.
Je fais de la poésie parce que demain je suis mort.