Le mot lyrique a été inventé par les grammairiens
alexandrins pour désigner un type de poésie grecque
archaïque, d'emblée défini comme originel et
irrémédiablement perdu, celui d'une poésie de la
performance, indissociable de la musique, prière ou
action de grâces sur les autels des dieux, célébration
sur le lieu de la victoire, invitation à boire au cours
du banquet, etc. Tout poème lyrique convoque cette
origine, réinvente au siècle de l'écriture, du livre,
de l'imprimerie, cette performance et cette variété
premières. Horace le premier offre dans ses Carmina
un modèle de transposition en recueil que les jeunes
poètes français de la Renaissance, épris d'origine
et de nouveauté, reprennent et réinventent, pour
ressusciter à leur tour l'origine perdue de la lyrique.