La voix humaine est pour la pensée un objet résistant : charnelle et spirituelle, médium de la parole et du chant, ajoutant aux mots qu'elle profère la saveur de son intonation, animale et humaine, la voix est naturelle, en somme. Mais pas seulement...
Le présent essai choisit d'aborder cette équivocité essentielle à partir d'une figure, la prosopopée, qui, donnant voix aux absents, aux morts, aux êtres surnaturels, ou même inanimés, confère aux textes qu'elle informe un relief toujours édifiant. Usant de la prosopopée, les philosophes ou les théoriciens (Platon, Rousseau, Nietzsche, Freud, Foucault, Levinas), les poètes ou les romanciers (Beckett, Blanchot, Deguy, Sarraute) font entendre, surplombant le discours ordinaire et reçu, une voix étrangère et intempestive - une autre voix. Voix véridique et exigeante, voix morale, au zénith de la conscience. Voix verticale.