La volonté se présente d'abord à l'esprit comme force de caractère. Comment expliquer
alors que dans l'histoire de la philosophie antique, elle émerge d'abord comme faiblesse
avec le thème aristotélicien de l'intempérance ou la volonté divisée d'Augustin ? Le
Moyen Âge est le temps mal connu de sa grandeur et de sa misère. Il théorise les
actions accomplies librement, mais à contrecoeur. Anselme montre qu'approuver ce
n'est déjà plus vouloir activement, permettre c'est ne pas vouloir s'opposer à ce qu'on
tolère, voire à ce qu'on doit supporter. Bernard de Clairvaux, avant Descartes découvre
dans la volonté infinie l'image de Dieu, mais il en dénonce la faiblesse, même chez saint
Pierre. Descartes, dont la conception du sujet est annoncée par les grands penseurs
renaissants, voit dans cette volonté infinie l'image de Dieu, mais aussi la source de nos
erreurs. Dans ces concessions tardives à la liberté d'indifférence, ne peut-on percevoir
un retour discret et ironique du thème de l'intempérance ?