En 1955, Heidegger avait accepté de préfacer la monographie
que l'une de ses anciennes élèves, devenue
historienne de l'art, avait consacrée à La Madone Sixtine
de Raphaël, avançant une énième hypothèse sur la destination
initiale de cette oeuvre, certes mondialement
connue (et du reste aussi bien mondialement exploitée
par l'industrie du Kitsch domestique), mais demeurée
parfaitement énigmatique : à l'origine, avançait-elle, ce
«tableau» aurait été une «fenêtre peinte».
Heidegger ne dissimule pas son scepticisme : de manière
toute «classique», il voit plutôt dans l'oeuvre un
retable ; mais s'il s'agit d'une «fenêtre peinte», encore
faut-il s'entendre sur ce qu'est, en son essence, une fenêtre
; et sur la «révélation» dont une telle fenêtre est
chaque fois l'occasion quant au jeu même du paraître et
de la manifestation, de l'apparition - quant au jeu,
donc, de la révélation.