La zone grise
Un 1983, Primo Levi s'entretient avec deux historiens, Anna Bravo et Federico Cereja, et revient sur son expérience des camps. Il se penche notamment sur la zone grise, cette bande aux contours mal définis « qui sépare et relie à la fois les deux camps des maîtres et des esclaves » et dont la classe hybride des prisonniers fonctionnaires est « l'ossature et l'élément le plus inquiétant ». Il s'agit de témoigner de cas précis pour comprendre et de comprendre pour mieux juger. Primo Levi le fait avec son style net et précis dont l'équivoque est à jamais bannie.
Précédé d'une importance préface de Carlo Ginzburg, et d'une note de Federico Cereja, l'entretien de Primo Levi est suivi d'une postface d'Anna Bravo : ces textes forment un ensemble incomparable pour aborder une des questions les plus délicates de l'historiographie des camps.
Ils offrent aussi un véritable viatique pour les femmes et les hommes que ne rebute pas la complexité du mal.