« La fin du monde soviétique ne change rien à la demande démocratique d'une autre société, et pour cette raison même, il y a fort à parier que cette vaste faillite continuera à jouir dans l'opinion du monde de circonstances atténuantes, et connaîtra même un renouveau d'admiration. »
La conclusion du Passé d'une illusion (1995), livre dans lequel François Furet revenait sur ses jeunes années communistes, frappe aujourd'hui par la lucidité de son auteur sur l'avenir de la démocratie : celle-ci devra faire face, constamment, à de nouvelles radicalités désireuses de la renverser, autant à l'extrême gauche qu'à l'extrême droite.
Spécialiste de la Révolution française, historien-journaliste dont les articles dans Le Nouvel Observateur, Le Débat ou encore Commentaire ont fait date, François Furet a décrypté mieux que personne les bouleversements qui ont marqué l'histoire récente. Ses prédictions sur les conséquences de la fin du monde soviétique, ses mises en garde contre l'apparition du « politiquement correct » aux États-Unis, mais aussi ses écrits passionnés sur Tocqueville ou Marx révèlent un esprit libre, aussi rigoureux que drôle, loin de tout snobisme et de tout parisianisme mondain.
Vingt-cinq ans après sa mort, l'œuvre de François Furet, traduite dans le monde entier, continue de résonner dans notre société, et permet d'en comprendre les origines historiques et les divisions politiques. Un regard nécessaire pour repenser l'expérience de la démocratie libérale et se préserver de l'illusoire idée de la table rase.