L'absente de tous bouquets. « Tu n'as jamais cultivé ton jardin. » C'est avec ces mots adressés à sa mère récemment disparue que l'écrivaine ouvre ce journal de deuil. Arrivée au Québec en 1957, pour épouser un Grec fantasque qu'elle passera sa vie à attendre, madame Mavrikakis n'a jamais voulu prendre racine dans le nouveau monde. Repliée sur elle-même et sur ses enfants - qu'elle aurait rêvé de garder sous cloche jusqu'à la fin de sa vie -, elle n'a cultivé que la nostalgie de la France, son pays natal.
Filtrés par le chagrin en de mélancoliques et tendres fragments, les souvenirs de cette mère possessive et « surprenante » - l'adjectif en dit long - lèvent le voile sur la complexité et la beauté d'une relation filiale tissée de culpabilité, d'incompréhension, de férocité même, mais surtout d'un immense amour.
L'Absente de tous bouquets se lit également comme un discret art poétique où s'éclaireraient la fascination pour les fantômes, le goût de la solitude et la passion pour la langue que l'on retrouve dans tous les livres de Catherine Mavrikakis. Dans sa détestation du Canada, sa chère maman entretenait en effet son accent français, que la petite fille avait obligation de soigner, et un formidable florilège d'expressions idiomatiques et surannées rappelant la lointaine patrie.