Ce volume rassemble quelques-uns des livres majeurs de Lucien Jerphagnon, enrichis de nombreuses transcriptions inédites de ses cours, conférences et émissions de radio qui permettent de mieux appréhender l'étendue de son oeuvre. On perçoit ainsi la sensibilité particulière d'un homme aux multiples visages.
Homme d'enseignement tout d'abord, dont le sens de la pédagogie s'impose dès ses premiers cours au Grand Séminaire de Meaux, publiés ici pour la première fois. L'essentiel s'y trouve déjà : la vivacité d'un style « démocratique », selon Paul Veyne, qui d'emblée emporte le lecteur et le guide dans les raisonnements les plus complexes ; le ton, parfois badin, jamais guindé, toujours tenu ; surtout, le déploiement d'une pensée libre, profondément anticonformiste et d'une érudition inépuisable.
Homme de fidélité ensuite, tant à Vladimir Jankélévitch, auquel il consacre, avec Entrevoir et vouloir, un court texte étincelant, qu'à ses compagnons de toujours, les Anciens. Des présocratiques à Augustin et d'Homère à Julien l'Apostat, il n'a cessé de leur rendre hommage. Juste retour des choses, c'est son « plus cher disciple », Michel Onfray, qui, rappelant dans sa préface ce qu'il doit à son « vieux maître », prolonge cette chaîne de transmission et de savoir.
Homme de son temps enfin, comme en témoignent ses chroniques politiques des années 1990, Lucien Jerphagnon fut un virtuose du dialogue et de la conversation. Ses échanges avec Francesca Piolot, en conclusion de ce volume, sont à l'image d'une pensée en perpétuel mouvement où ne cesse d'affleurer la question qui traverse toute son oeuvre : pourquoi diable y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?