Si la photographie fixe les êtres et les paysages,
la poésie de Jean-Pierre Chambon ajoute au saisissement
du monde l'expression d'une émotion,
d'une sensation, d'une atmosphère. Le poète, ici, a
mis ses pas, de Marseille à Nantes, de Paris à
Tanger, de Lisbonne à Alexandrie, dans ceux des
poètes aimés. On croise ici Jacques Réda le
Parisien et dans un ancien port, plus loin, c'est
William Cliff. Mais ces photographies en vers prolongent,
dans le regard du lecteur, un temps
jamais aboli dont les ramifications plongent au
plus profond de chacun. Le lieu du voyage que
nous propose Jean-Pierre Chambon se transforme
alors en un dédale maçonné dans la matière instable
des rêves. Le lecteur en y pénétrant entre dans un
autre monde. Mais le doute, alors, s'installe : des
deux mondes, qui peut dire lequel existe ?