On ne présente pas Jacques Lacan (1901-1981), dont le nom désormais
s'apparie immédiatement à celui de Freud, comme jadis celui de
Lénine au nom de Marx - c'est Lacan lui-même qui ose le rapprochement.
Cela ne garantit pas forcément qu'au-delà de son extraordinaire
fécondité, la refondation lacanienne - le fameux «retour à Freud»
par-delà les dérives de l'orthodoxie - soit réellement aussi fidèle à
l'esprit du Fondateur qu'elle le revendique.
Il est habituel de présenter les grandes fondations post-freudiennes
soit comme des déviations (point de vue de l'orthodoxie freudienne),
soit, ainsi qu'elles se conçoivent elles-mêmes, comme des extensions
(Klein, Reich), des révisions (Jung, Ferenczi) ou des amplifications
(Lacan) de l'oeuvre de Freud. Cette approche trop exclusivement centrée
sur leur relation à Freud voile l'originalité spécifique de ces fondations,
leur autonomie structurale, au-delà de l'étayage initial sur
l'oeuvre du Fondateur. On s'est au contraire efforcé ici de restituer leur
cohérence et leur fécondité par une analyse de leurs présupposés fondamentaux
tout d'abord, mais aussi de leur abord de la cure et de leur
apport clinique propres - dégageant ainsi la foncière pluralité du champ
psychanalytique.