« Selon les discours, on me qualifie de visionnaire, de patrimoine immatériel vivant ou de père de Sophia. L'adjectif immatériel me plaît, car les investissements immatériels sont les seuls pour lesquels le partage multiplie l'efficacité. Mais je suis surtout satisfait d'être, souvent, dans une grande surface voisine de mon domicile, accosté par un inconnu qui me remercie parce que ses enfants travaillent dans une entreprise de Sophia ».
Ingénieur des Mines et sénateur, Pierre Laffitte livre dans ces mémoires les clés d'un parcours hors normes dont les réalisations surprennent par leur précocité et leur audace. La « recherche orientée » de l'École des mines de Paris, la Conférence des grandes écoles, la technopole de Sophia Antipolis, et tant d'autres innovations qui surprennent encore par l'originalité de l'idée initiale et par leurs succès, plusieurs décennies après. Le lecteur découvre une enfance et une jeunesse brillantes, nourries d'art, de science et d'engagement politique ; mais une jeunesse qui a également subi l'épreuve de la guerre. Pierre Laffitte doit autant à la pédagogie avant-gardiste d'un Célestin Freinet qu'aux cours de l'École polytechnique puis de l'École des mines où il croise des personnalités marquantes de la Ve République. En suivant les grands moments de son parcours, on plonge dans l'histoire de la politique scientifique et technologique française, avec ses grands moments et ses échecs. Tout au long du chemin, les arts, la culture, l'humanisme sont présents. Mieux, ils nourrissent son imagination et son ardeur indéfectible à promouvoir l'esprit d'innovation. Et parce que Pierre Laffitte est à la fois un grand scientifique et un grand homme de culture, ses mémoires nous invitent à faire de l'action « la soeur du rêve ».