Il y a 50 ans, le jeudi 6 avril 1972, à Bruay-en-Artois, dans le Pas-de-Calais, vers 14h30, le corps de Brigitte Dewèvre, une jeune fille de 15 ans, fille de mineurs, est découvert dans un terrain vague. Moins d'une semaine plus tard, la justice tient un suspect : Pierre Leroy, le notaire de la ville, notable accusé d'avoir étranglé une adolescente du coron !
Dans un contexte économique et social tendu, militants d'extrême gauche et journalistes s'emparent de l'affaire : les premiers activent la flamme de l'indignation face à un « crime de classe », les seconds traquent le sensationnel. Bientôt, le crime de Bruay-en-Artois va devenir l'une des plus grandes affaires criminelles de l'après-guerre, dont Pascal Cauchy retrace ici, dans un style vif et avec un grand souci du détail, les multiples péripéties. S'il dénoue les fils de l'affaire, il s'attache surtout à dénoncer sa récupération par les maoïstes à des fins partisanes. Pour eux, c'est moins la victime qui compte que ce qui peut servir un plan politique. Manipulation de l'opinion publique en désignant le notaire Leroy coupable parce que bourgeois, où l'on découvre des méthodes de dénonciations arbitraires d'obédience idéologique toujours d'actualité. À ce titre, l'affaire de Bruay-en-Artois est révélatrice d'une transformation de la gauche après 1968 qui aboutira, neuf ans plus tard, à l'élection de François Mitterrand.