Sur la base d'un siècle de recherches et de publications, mais surtout
d'un travail de dépouillement systématique de la presse de l'époque
et des fonds d'archives publics et privés, Philippe Oriol propose ici
la première partie (1894-1897) d'une nouvelle histoire - la première
depuis Joseph Reinach au tout début du XXe siècle - qui éclaire le
célèbre événement d'un jour nouveau.
On y voit ainsi, précisément, comment fut fabriquée la culpabilité
d'un innocent et quelle fut, bien au-delà de ce qu'on en savait, la
responsabilité du général Mercier, ministre de la Guerre, de l'état-major,
et de plusieurs militaires qui acceptèrent comme un ordre une
culpabilité que rien ne prouvait. On y voit aussi quel rôle délétère et
pernicieux fut celui d'une certaine presse qui influa sur les décisions
en jouant sur la faiblesse des uns et la lâcheté des autres.
Parallèlement apparaît dans toute sa force la haute figure du
capitaine Dreyfus contre lequel, et pour mieux le perdre, on ne cessa
de bafouer la loi, dans des proportions qui continuent aujourd'hui
de nous stupéfier. Ce que fut le calvaire de Dreyfus, l'ignominie du
régime particulier auquel il fut soumis, les humiliations et brimades
qu'il dut subir, on le découvre ici et on s'étonne que tant de
raffinement dans la haine ne soit pas venu à bout de lui.