«Trimballés» entre les institutions de l'aide sociale à l'enfance, de la
justice pour mineurs ou de la pédopsychiatrie, les adolescents dits
«difficiles», sans solution de prise en charge, constituent un défi
de taille pour l'action publique, ses organisations et ses professionnels.
À partir des modalités d'action déployées depuis trente ans à l'intersection du
travail social et de la santé mentale, ce livre retrace les différentes reconfigurations
des institutions classiques confrontées aux problématiques de l'accès
aux soins, de l'expression de la demande d'aide, de l'accompagnement à
l'autonomie des jeunes les plus en difficulté, ou encore de la concertation
entre professionnels. Il met l'accent sur le paradoxe d'une «action publique sur
mesure» : plus l'aide est personnalisée, plus elle repose sur un réseau étendu
d'intervenants issus d'horizons divers.
Au-delà des «troubles» des jeunes, les auteurs pointent ainsi la vulnérabilité
de l'action publique elle-même qui n'est plus dictée par un idéal éducatif et ses
référentiels mais par des situations-limites où s'articulent, au cas par cas, diagnostics
psychopathologiques et souci collectif de protection de la personne.
Le salut des dispositifs d'aide reposerait-il aujourd'hui sur la professionnalité
de ses intervenants, c'est-à-dire sur leur capacité à analyser les ratés de leurs
propres actions ?