Gardienne des seuils, vigile des horizons, la force fragile de cette voix n'a pas peur des interruptions ni des recommencements. C'est ce que promet le titre appelant à conjuguer en tous sens les puissances du Verbe. Alphabet des sources : l'alphabet coule de sources cependant que les sources prennent leurs noms à l'alphabet et que l'alphabet prend langue au secret de leurs surgissements. Un mouvement fugué traverse le volume, il multiplie les échos, les entrelacs, les correspondances, les contrepoints, sans jamais clore ni enclore.
Les vers saisissent des vertiges. Michel Ménaché dit : « vertige-tourneur nous roule dans sa valse... » Vertiges des traits et attraits. Vertiges des non-coïncidences dans les mots des émotions qui tiennent le Poème sur l'ouvert.
Toujours déjà le mouvement aura commencé, béant sur l'abîme des devenirs. La source n'est pas l'origine, elle est l'insondable mystère des commencements.
Mireille Calle-Gruber
(extrait de la préface)