On l'appelait «l'Américain». Après le Débarquement,
il avait rencontré ma mère lors d'un bal
donné à Rouen, en l'honneur des libérateurs. Et il
s'était fixé en Normandie. Il me battait beaucoup. Il
battait, surtout, beaucoup maman. C'est pourquoi
j'ai passé mon enfance à vouloir le tuer. Ma haine
contre lui ravagea tout en moi, ma lucidité et mon
humanité. Jusqu'à sa mort. Mais jamais je n'oublierai
le sourire souffrant qu'il traînait partout et qui,
aujourd'hui encore, me fend le coeur.
F. O. G.