Le règne de Charles Quint (1516-1556) fut entre autres marqué par «l'explosion» du fait américain. À ses débuts,
les territoires espagnols aux Indes occidentales étaient pratiquement réduits à l'île de Saint-Domingue alors au
bord de l'épuisement. Avec la conquête continentale des empires aztèque (1519), puis inca (1532), et de leurs
marges, la Couronne de Castille se retrouva à la tête de peuples innombrables et de territoires sans limites.
Souvent dans l'urgence, guidée par de vieilles traditions hispaniques, en tâtonnant parfois, la Couronne dut
inventer un État colonial et des relations avec ses lointains royaumes. Un système économique se mit en place,
qui bouleversa impitoyablement l'organisation traditionnelle des sociétés amérindiennes. Le nouvel ordre colonial
naquit aussi sous la pression de groupes opposés. Les uns étaient désireux de voir s'établir une société
moins oppressive et plus conforme aux préceptes de l'Évangile (Las Casas et l'École du Droit naturel), les
autres, au contraire, la voulaient encore mieux accordée aux intérêts des seuls colons (Juan Ginés de
Sepúlveda).
Dans le même temps, on vit se développer une importante production littéraire attachée à rendre compte des
multiples facettes de la réalité des Indes occidentales, et qui se retrouva bientôt au coeur des débats suscités
par le Nouveau Monde et ses relations avec la Péninsule.
Ce livre aborde cet ensemble de questions dans une perspective globale, organisée et pédagogique.