Une nuit, un scénariste de Hollywood imagina en
rêve la plus gracieuse et originale des histoires. Du
début à la fin, il en suivit la progression dramatique
imparable, les péripéties, l'agencement ingénieux
et naturel. Dans un demi-sommeil, il griffonna
quelques mots qui, peut-être, lui permettraient de
reconstituer la merveille, le lendemain. Au matin, il
trouva sur son bloc le résumé lapidaire de ce qui lui
avait paru si neuf - et qui l'était, n'en doutons pas :
Boy meets girl.
On pourrait résumer ainsi L'Amie du jaguar : un
garçon rencontre une fille. Son sujet choisi,
l'auteur a tâché d'organiser cette rencontre et de
raconter ce qui en résulte selon la capricieuse
nécessité qui, dans son rêve, avait émerveillé le
scénariste.
Ainsi est-il question, dans ce roman, des rites
funéraires en usage dans la colonie française de
Surabaya (Indonésie), d'un jeu appelé le loto chantant,
des rapports entre les sentiments exprimés
dans une lettre et le bureau de poste choisi pour
l'expédier, de stations prolongées dans des ascenseurs,
de parenthèses, d'un ou plusieurs crimes
atroces dissimulés dans un manuel de graphologie,
de grimaces, de quatorze karatékas, d'un trafic de
zombies entre Biarritz et Surabaya, d'amour
surtout et de fabulations. Cette liste, bien entendu,
n'est pas exhaustive.