On a trop souvent réduit les relations du neuvième abbé de Cluny avec saint Bernard à la polémique qui a opposé au XIIe siècle les bénédictins aux cisterciens, témoins du « nouveau monachisme ». En réalité les deux hommes ont connu une profonde et authentique amitié qui s'est fortifiée et purifiée à travers ces tensions mêmes, voire ces réelles divergences. Les deux plus longues lettres de cette correspondance sont en fait de véritables traités spirituels où Pierre le Vénérable expose son herméneutique de la Règle de saint Benoît et donc de tout texte considéré comme inspiré. Au fil des pages, le lecteur découvrira également quantité de détails historiques sur la vie des moines au Moyen Âge, période de renouveau du charisme monastique et sur la chrétienté de l'époque. Au-delà, ces lettres retracent l'évolution d'une relation qui a su devenir de plus en plus fraternelle en assumant la franche diversité de ces deux hommes de Dieu.