« J'ai parcouru l'enfer de l'inhumanité, les camps effroyables du système national-socialiste. La plupart d'entre nous n'ont pas survécu. Nous, les survivants, sommes marqués à jamais. Mais la vie m'a enseigné une chose : lorsque nous haïssons, nous perdons. Lorsque nous aimons, nous devenons plus riches.
Nous avons tous le droit, aujourd'hui encore, d'évoquer nos souffrances. Pour nous retrouver, pour honorer les victimes, pour dire aux jeunes : c'était ainsi. Cela ne doit jamais se reproduire. J'ai écrit ce livre en tant que Tsigane, Tsigane du groupe des Sinti. Et en tant que femme qui a grandi dans ce groupe. Je souhaite donner à d'autres un signe de vie. Si j'ai le droit d'écrire quelque chose sur l'amour, quelque chose qui peut-être paraîtra trop simple à certains, c'est parce sous le régime national-socialiste, j'ai fait l'expérience de son opposé absolu.
Je ne veux pas porter d'accusation. Je souhaite garder vivante une mémoire. À partir de ce que j'ai vécu. Et après une longue lutte avec le passé. Ceci est l'Holocauste et l'Holocauste de mon peuple.
Nous Tsiganes n'avons pas l'esprit de vengeance. Mais nous avons nous aussi droit à ce que nos souffrances trouvent une place dans l'histoire. Et nous avons l'espoir que la paix viendra sur terre. Personne n'a le droit de répondre au mal par le mal. »
(Extrait de la préface de Entre amour et haine)