Entre 1500 et 1800, la vie sexuelle de l'Occident a achevé de revêtir des formes qu'elle a conservées, pour l'essentiel, jusqu'au milieu du XXe siècle, et qui commencent à peine à être remises en cause aujourd'hui. Durant cette longue période qui va de la Renaissance aux Lumières, le pilier principal de l'ordre sexuel était l'union monogame. Celle-ci, étroitement surveillée par la collectivité et les familles, négligeait de plus en plus l'attirance physique au bénéfice de considérations morales et économiques. L'Eglise, en effet, s'acharnait à réprimer la sexualité, en accord avec l'Etat moderne et son programme d'ordre moral. Toutefois, les milieux privilégiés réussissaient souvent à échapper à ce conformisme.
La culture sexuelle se réfugiait dans la recherche esthétique et littéraire. Ainsi se développaient à la fois un érotisme de compensation et le mythe poétique ou romanesque de l'amour-passion. Ces grands thèmes, Jacques Solé les analyse ici avec profondeur et acuité. Il montre de façon convaincante combien est ambigu l'héritage sexuel que l'« époque moderne » nous a légué. Mais il va plus loin encore : il soulève bien des questions, concernant l'amour, qui bouleversent les idées reçues et exigent de nous des réponses neuves.
Jacques Solé, né à Lyon en 1932, agrégé d'Histoire en 1956, occupe une maîtrise de conférences à l'Université des Sciences Sociales de Grenoble. Spécialiste de l'étude des idées et des mentalités religieuses aux Temps modernes, il achève une thèse de doctorat sur la controverse confessionnelle dans la France du XVIIe siècle. Collaborateur de nombreuses revues, il a participé à différents ouvrages collectifs et publié un Bayle polémiste en 1972.