L'âpre « saison sèche » de l'histoire du Sud des États-Unis - de la fin de la guerre de Sécession (1865) à la Seconde Guerre mondiale - sert de toile de fond à ce double chronique, social et familial. Celle de l'inexorable décadence des familles patriciennes du Vieux Sud vouées à disparaître sous l'assaut conjugué du progrès et de la modernité.
Le conflit entre le Nord et le Sud se rejoue sur le mode mineur et tragicomique d'un combat singulier entre le major Barcroft, vieille baderne sudiste frustrée de gloire guerrière, et un jeune arriviste venu de l'Ohio dont l'ambition et la vitalité n'ont d'égale que l'absence de scrupules. Enjeu de l'affrontement : la fille cadette du major, Amanda, que Harley Drew trouve fort à son goût « vue de dot ».
Entrent alors en lice une redoutable femme fatale, Amy Carruthers, Lilith des temps modernes, et son mari, Jeff, un pathétique pervers polymorphe. Une nouvelle relation triangulaire se noue, qui relance pour chaque protagoniste la dynamique du désir. Il ne restera - comme il se doit - qu'un seul vainqueur et maintes victimes : les représentants du Sud d'antan avec leurs illusions, mais aussi et surtout l'Amour, contraint de se replier devant la convoitise et la luxure.
Les belles vertus sudistes se sont consumées sur le bûcher des vanités. Servi par son écriture puissante, d'une brutalité toute moderne, et par son humour désespérant, L'Amour en saison sèche s'inscrit dans la « Grande Tradition » de la création romanesque : Dickens, Balzac, Flaubert, James, Proust (l'écrivain fétiche de Foote) et, naturellement, Faulkner.