À la recherche de la société juste et heureuse, la seconde moitié du XIXe siècle a multiplié les utopies où sciences et techniques constituaient les bases d'un culte quasi religieux du Progrès, censé créer un monde nouveau. Socialistes ou conservatrices, elles ont foi en l'effort et dans le génie humain. L'An 3000 du pathologiste italien Paolo Mantegazza est, en 1897, l'une des ultimes expressions de cette confiance. Lue à la lumière des tragiques expériences du XXe siècle, cette optimiste vision de l'avenir, pour la première fois traduite en français, prend pour le lecteur moderne les allures inquiétantes d'une anti-utopie scientifique où sont éliminés sans remords les êtres inadaptés et où la pensée même est soumise au dirigisme impitoyable de l'État.