La musique électroacoustique fixée sur support d'enregistrement se manifeste à nos sens par le sonore et non sous la forme d'une notation symbolique, ce qui lui confère un caractère insaisissable du point de vue de la démarche analytique. Cette musique rompt avec les matériaux sonores classiques des musiques instrumentales, délaisse les échelles de rythmes et de hauteurs et privilégie l'exploration de l'espace sonore, des timbres et du renvoi extramusical. Comment prend-elle forme chez l'auditeur? Est-elle habitée par une syntaxe musicale? Quel rôle assument les nouvelles dimensions sonores qu'elle privilégie? Voilà autant de questions fondamentales auxquelles cet ouvrage tente de répondre.
L'ouvrage de Stéphane Roy me semble marquer une étape décisive dans le développement de la musicologie et de l'analyse musicale.
Tout d'abord, il est le premier livre que l'on peut véritablement considérer comme un traité d'analyse de la musique électroacoustique. Et celui-ci manquait cruellement.
Si, au-delà de sa contribution à l'analyse des musiques électroacoustiques, cet ouvrage me paraît important pour la discipline analytique dans son ensemble et pour la musicologie générale, c'est parce qu'il apporte une contribution positive à la question tant débattue des universaux de la musique, et une preuve de plus, sans équivoque, de leur existence.
Le livre de Stéphane Roy n'est pas seulement le fruit de la détermination d'un musicologue et d'un analyste de talent, mais également celui d'un musicien. C'est cette élégante symbiose qui donne à cet ouvrage tout son poids.
Extraits de la préface de Jean-Jacques Nattiez