Le corps est devenu ces dernières années un thème majeur de la recherche
en sciences sociales et humaines, une source de renouvellement profond
de notre connaissance du monde antique. Issu d'une collaboration
entre l'université Rennes 2 et les universités suisses de Fribourg, Lausanne et
Neuchâtel, ce troisième volume des Cahiers d'histoire du corps antique poursuit
le travail entrepris lors des précédentes publications.
Revendiquant ouvertement le choix d'une histoire totale, les contributions à
ce volume s'intéressent aussi bien aux corps en armes ou au corps héroïque qu'à
la valeur de la pilosité ou aux stigmates de la vieillesse. Une attention particulière
est consacrée à la physiognomonie antique, à savoir l'art de juger une personne
d'après son apparence physique, ses gestes, ses expressions et ses attitudes afin de
déterminer son caractère, voire son avenir. Il s'agit de déchiffrer les corps en prenant
en compte la totalité des signes visibles. Attestée en Grèce dès la fin de l'époque
archaïque, théorisée et développée dans différents traités, cette déconstruction
du corps en autant de signes à interpréter ne pouvait que retenir l'attention
des historiens et des archéologues. La trace de l'importance de ces théories est
perceptible dans les arts figurés comme dans l'ensemble de la société.
De l'examen des yeux, miroirs de l'âme, à celui des barbes féminines ou des
tressaillements divinatoires du corps, l'analyse en profondeur des codes corporels
antiques livre de nouveaux aspects d'un savoir collectif encore méconnu.