En 1930, Stuparich reprend son journal de guerre et décide, tout en en respectant scrupuleusement le style, d'en faire un livre qui « ne peut ni ne veut être un document historique, mais simplement un témoignage psychologique et personnel ». Deux mois de tranchées, racontés jour par jour, et même heure par heure. Telle est la substance de ces carnets qui attestent de ce que fut en Italie le début du premier conflit mondial.
Depuis sa modeste place, Giani Stuparich, intellectuel triestin qui, au côté de son frère Carlo, s'est enrôlé comme simple
soldat dans les troupes italiennes - alors que Trieste appartient encore à l'Empire austro-hongrois -, dépeint le quotidien de la guerre sans aucune héroïsation ni idéalisation, mais dans une perspective simplement humaine, qui va de l'exaltation presque naïve des débuts à la détresse « avilissante » des dernières pages, dans un souci de vérité qui ne laisse aucune place au lyrisme, mais fait la part belle à tous ces hommes jetés dans le même enfer, camarades de tranchées campés avec leurs petitesses et leur courage.