Avec Lanterne magique,Jérôme Prieur propose un récit envoûtant sur l'émergence, en plein siècle des Lumières, d'une pratique aux ressorts occultes mais déterminants pour l'histoire du cinématographe : celle des projections publiques et privées de lanterne magique.
Cette archéologie du cinéma met notamment en lumière deux oeuvres : celle de Marcel Proust, et les Mémoires d'Étienne-Gaspard Robertson (1763-1837), l'inventeur de la fantasmagorie qui fit carrière sous le Directoire et le Consulat.
On connaît la fameuse série de six plaques de lanterne magique située à la source d'À la recherche du temps perdu. Elle raconte l'histoire de Geneviève de Brabant et de l'affreux Golo. On connaît bien moins les Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques d'un physicien- aéronaute d'Étienne-Gaspard Robertson.
Comme l'écrit Jérôme Prieur dans sa préface, Robertson propose « de l'intérieur, une réflexion sur le spectacle lumineux, sur l'illusion et la croyance, une réflexion sur le spectateur - ce hors-champ laissé dans l'ombre des histoires du cinéma et du pré-cinéma, cette part d'ombre consubstantielle aux images nocturnes. Bien avant le grand Hitchcock, Étienne-Gaspard Robertson a été le premier à comprendre que les spectacles optiques que préfigure sa fantasmagorie ne devaient pas se contenter de mettre en mouvement les images, mais qu'ils devaient mettre en scène les désirs et les peurs que suscitent les images, qu'ils devaient diriger le spectateur, notre double assis à notre place dans la nuit lumineuse. »