« Le fascisme ne passera pas. » Ce mot d'ordre, dirigé contre des adversaires divers et successifs, inscrit sur des tracts ou des calicots, scandé par des générations de militants, a traversé, depuis les évènements de février 1934, une bonne partie du XXe siècle. Le premier mai 2002, après le premier tour de l'élection présidentielle où Jean-Marie Le Pen était arrivé en deuxième position, il était encore clamé dans les rues des principales villes du pays par de jeunes manifestants. Dans cet ouvrage, Gilles Vergnon propose une synthèse sur un objet politique longtemps négligé par l'historiographie ou, plus récemment, devenu le prétexte à diverses polémiques. Abordée dans une perspective longue, des années 1920 où s'invente l'antifascisme à l'ombre de Mussolini, aux métamorphoses des années 1970-2000 quand il se colore d'antiracisme, cette étude s'attarde particulièrement sur les années 1934-1936, quand l'antifascisme devient, sous la bannière de la « République démocratique et sociale », un phénomène de masse et un puissant levier unitaire pour les gauches françaises. Au-delà, elle permet d'éclairer, sous un angle particulier, plusieurs décennies d'histoire du système partisan français, ainsi que le rapport des gauches à la République.