Cet ouvrage présente une approche anthropologique des transferts de technologies qui relève d'une trajectoire entièrement originale où l'anthropologie des techniques se combine à l'analyse ergonomique du travail pour répondre à ce que l'on nomme classiquement une « demande sociale ». Sur le littoral de Guinée, les populations susu utilisent traditionnellement d'importantes quantités de bois pour produire du sel. Ces techniques contribuent la déforestation des zones de mangrove. Depuis plusieurs années, des actions sont engagées pour prévenir ce phénomène. Beaucoup ont échoué faute de tenir compte des pratiques des populations dans leur environnement. Un programme s'est démarqué des actions précédentes. Il proposait de transférer des modules de production de sel qui ne nécessitent aucune utilisation de bois. Pour les concepteurs du projet, le succès du transfert de l'innovation était étroitement dépendant des dimensions sociales et culturelles des populations. L'auteur nous fait entrer au cœur du transfert. On découvre les univers respectifs des hommes, le rôle de l'histoire et les oppositions d'intérêts. Au fil des pages, d'étonnants réseaux d'acteurs apparaissent. L'implication de l'ethnologue est au centre de l'ouvrage. On parcourt les phases de son action, de l'analyse de la demande à la présentation des résultats qui ont orienté les acteurs du programme vers la mise en œuvre de choix techniques mieux adaptés aux dimensions sociales et culturelles des contextes de réception. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage des éléments de méthode qui devraient alimente! les débats sur l'intégration et le rôle des sciences sociales dans le cadre des transferts de technologies.