Trop longtemps, l'Occident a considéré qu'il y avait d'une part l'ancien Iran préislamique et d'autre part l'Iran postérieur à l'islamisation. L'oeuvre de Sohravardî est là pour témoigner que l'univers spirituel iranien forme un tout et que la Perse islamique n'est pas à considérer comme une province de l'expansion arabe.
Jeune penseur génial qui mourut en martyr de sa cause à la fin du XII
e siècle, Sohravardî est l'un des plus grands mystiques de l'Islam iranien. Les textes que nous présentons ici prouvent sa volonté délibérée de ressusciter la philosophie de la lumière proposée par les sages de l'ancienne Perse, non pas en historien de la philosophie, mais en tant que philosophe adhérent de toutes les puissances de son âme à la vision des mondes qu'il se sent la mission de transmettre.
Sa doctrine, couramment désignée sous le nom d'
Ishrâq, est considérable par sa fermeté et son ampleur. Elle pose comme indissociables la recherche philosophique de la Connaissance et la fructification de la Connaissance en métamorphose intérieure de l'homme. Connaissance qui ne sera donc jamais théorique mais par essence salvifique, ce qui depuis toujours a été le sens donné au mot gnose.
L'Archange empourpré est l'ange, le guide surnaturel, l'initiateur personnel du pèlerin ". Il est présent dans les deux parties qui composent ce corpus, traités doctrinaux et récits mystiques, complémentaires les uns des autres comme le démontre la lecture méditée d'Henry Corbin qui les accompagne.
La voie spirituelle tracée par Sohravardî demeure active en Iran. Elle eut une grande influence en Inde. " C'est avec la conviction que le sens et la portée de cette philosophie débordent son cadre d'origine, qu'elle est une forme de l'aventure humaine qu'il importe à l'
homo viator de méditer spécialement de nos jours " qu'Henry Corbin s'en est fait l'interprète."