Prague vit apparaître à la charnière des XIVe et XVe siècles la
première hérésie capable de soulever un pays entier et finalement
de triompher : par fidélité à son prédicateur le plus fameux,
maître Jean Hus, la Bohême rompit avec le concile et l'empereur
qui l'avaient livré aux flammes.
L'enquête se propose de remonter aux origines de ce conflit.
La fin du XIVe siècle fut l'époque d'un foisonnement de réformes,
qui ne se limitent pas à ce qu'on appellera plus tard le hussitisme.
Sans doute Hus incarne-t-il à la perfection l'évangélisme
des élites universitaires tchèques. Mais d'autres voix se firent
entendre, celles des maîtres germanophones, des représentants
de la hiérarchie ecclésiastique ou encore de pieux laïcs. Les uns
et les autres, tout en partageant une même nostalgie des temps
apostoliques, parlaient différemment de Dieu, des sacrements et
de son Église. Leurs débats forment la trame de ce livre, qui
entend dévoiler, à travers le récit des compromis et des malentendus
entre archevêque, maître et dévot, les racines religieuses
de l'Europe centrale.