S'il existe un domaine central pour les études sur le texte - c'est-à-dire pour la linguistique textuelle ou « du discours » - c'est bien celui des relations, qu'on étiquette souvent de « logiques », entre couples ordonnés <p1, p2> de propositions ou groupes d'une certaine manière unitaires de propositions contiguës <{pi}{qj}> à contact ou à distance, explicites (signalés par des expressions « connectives », dont les connecteurs constituent un cas particulier) ou implicites (exigeant des inférences, des opérations de reconstruction). Ces relations fondent en effet dans leur ensemble l'architecture conceptuelle du texte, ou au moins contribuent d'une façon essentielle à sa constitution. Et il va de soi qu'une telle architecture est à la base de tout texte scientifique, mais aussi, même si moins directement, de tout texte, y compris les textes poétiques, qui paraissent plutôt exploiter la dimension analogique, « p est la cause matérielle de q », « q suit dans le temps p » (relations extralinguistiques ou pour ainsi dire « ontologiques ») ; « q est un cas particulier de p », « p est du même genre de q » (relations notionnelles) ; ou encore « l'assertion/l'hypothèse que p est justifiée par q », « l'assertion de p est conditionnée par (la réserve) q » sont des exemples bien connus des ces relations « logiques » dans un sens très large du terme - exemples censés donner ici une idée de la variété de leur réalisations sur les différents plans de l'entité « texte » (sur celui des illocutions, en particulier), en laissant de côté, bien entendu, les relations dialogiques du type question-réponse.
Bienvenue donc à une étude fouillée et de longue haleine comme celle qui est ici proposée, qui comble, en partie au moins, une réelle lacune. Ayant (courageusement) choisi de travailler sur un exigeant corpus de textes mathématiques, Alice Toma s'est essayée à caractériser dans ses composantes centrales l'architecture relationnelle (qui ne peut être que « logique ») du discours scientifique, ce qui l'a amenée à se pencher en détail sur les relations « verticales » de généralisation d'une part et de particularisation (dans ses différentes manifestations - dont l'exemplification) de l'autre. Ces relations réellement constitutives de tout discours scientifique sont ainsi l'objet ici d'une analyse linguistique approfondie.