Quand j'attaque une oeuvre en liberté totale, parce que je
suis totalement libre étant donné que je n'ai pas de projet final,
je n'essaie pas d'avoir cette forme ou une autre forme à ce
moment-là. Mais je sais quel est l'arôme de cette forme. Et alors
ça c'est la chose étrange : et moi je la connais et je ne sais pas
comment elle va être. (...)
(...) Au fond le problème se répète. Au fond, l'oeuvre, je
crois qu'on fait toujours la même oeuvre, finalement. On fait la
même oeuvre de beaucoup de façons différentes. Si on analyse un
peu, je crois que c'est un peu ça, pas pour moi seul, pour tous
les artistes. Et peut-être l'idéal, ce serait de les faire les plus
différentes possible «étant la même». D'ailleurs, il y a un mot
de Kierkegaard qui m'a beaucoup touché, il y a beaucoup
d'années déjà, très simple : il dit dans son Journal «Il ne s'agit
que de trouver l'endroit d'où il faut voir».