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" Il faut que l'art qui a si longtemps sommeillé dans des mausolées dorés et dans des cercueils de verre sorte prendre l'air, fume une cigarette, boive une bière. Il faut l'ébouriffer, lui apprendre à rire, lui donner des vêtements de toutes sortes, lui faire faire un tour à vélo ou dans un taxi avec une fille. "
Oldenburg
" Au grand air ", " outdoor ", " dehors " : autant d'expressions pour désigner le fait d'être exposé aux éléments, à l'imprévu, engagé dans une histoire qui ne saurait être écrite à l'avance. La portée politique majeure d'une telle démarche a été clairement identifiée par les philosophes de la nature : c'est à partir de cette expérience, nous disent Thoreau ou Emerson, que l'ethos démocratique peut naître, se développer et se maintenir. Or, la plupart du temps, nous pensons le dehors comme un décalque du dedans. C'est le cas en art, et en particulier pour les sculptures, que nous avons l'habitude de placer au centre d'un espace plan, symétrique et dégagé, un " espace public " nous réduisant au rôle de spectateurs passifs. C'est que la question de l'emplacement des œuvres d'art est rarement posée. Pourtant, se demander " comment prendre place " vis-à-vis de ces œuvres et où les installer dans nos espaces partagés est crucial si l'on souhaite les insérer dans le tissu de la vie sociale. C'est ce que propose de faire Joëlle Zask dans ce livre au croisement des champs politique et esthétique et dans lequel on " rencontre " de nombreuses œuvres " au grand air ", à l'origine d'une authentique expérience de liberté.
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