L'art brut fait aujourd'hui partie intégrante de
l'histoire de l'art. La collection constituée par
Jean Dubuffet et sise depuis 1976 à Lausanne a
essaimé. Des musées, des collections, ainsi que des
publications, consacrés à l'art des marginaux et des
spirites, internés ou non, se multiplient dans le monde.
Il était nécessaire de rééditer l'ouvrage de référence de
Michel Thévoz, préfacé par Jean Dubuffet, et paru il y a
quarante ans. L'Art brut présente les créateurs «historiques»
et emblématiques de la collection, et amorce des
réflexions fondamentales de caractère sociologique,
psychanalytique et esthétique. Partant du postulat de
Michel Foucault selon lequel on trouvera la vérité d'une
société non pas dans ce qu'elle affiche mais dans l'expression
de ceux qu'elle exclut, Michel Thévoz envisage
l'art brut comme le retour du refoulé de notre culture.
L'irruption de l'art brut a sans doute modifié notre
regard sur l'art en général ; et les cas d'art brut découverts
dans les dernières décennies ouvrent de nouvelles
perspectives. Dans sa postface, Michel Thévoz
fait le point sur ce qui confirme et sur ce qui infirme
les hypothèses initiales, et sur les dernières péripéties
d'une création d'art en révolution permanente.