L'art de décrire constitue, en quelque sorte, le fond même de la littérature. En vers ou en prose, dès qu'on tient une plume, on est appelé à décrire. C'est la qualité nécessaire par excellence, et c'est sur cette matière qu'on peut le plus fructueusement et pratiquement enseigner à avoir du style en littérature.
Tout homme qui écrit autre chose que de la philosophie doit être peintre et artiste, c'est-à-dire avoir un talent descriptif personnel.
La description est la peinture animée des objets. Elle n'énumère pas, elle fait plus qu'indiquer : elle peint. Elle ne se contente plus de caractériser ce qu'elle voit; elle le montre aux yeux, elle en trace le tableau. La description est un tableau qui rend les choses matérielles visibles. En un mot, le but de la description est de donner l'illusion de la vie. Sa raison d'être, son effort, son ambition, c'est de faire vivre, de rendre vivants, matériels et tangibles les détails, les situations, les êtres, tout ce qui est physique, principalement la nature. Ici, c'est l'imagination surtout qui est enjeu, une certaine force de résurrection qui évoque ce qu'on a vu ou qui crée ce qui n'existe pas.
La description est la pierre de touche du talent. C'est elle qui distingue les bons et les mauvais écrivains.