« C'est en cela que nous nous sommes distingués de nos prédécesseurs. Eux cherchaient comment dire ce qu'ils allaient faire, tondis que ce que nous avons fait, nous ne l'avons jamais dit. »
Dans ce premier seul en scène intitulé L'Art de ne pas dire, Clément Viktorovitch interprète un conseiller trahi et congédié par le nouveau président de la République, qui lui doit pourtant sa victoire. Pour se venger, il organise une conférence dans laquelle il révèle les artifices d'un plan de campagne bien ficelé.
Si L'Art de ne pas dire est une pièce de théâtre, elle ne s'inspire de rien d'autre que du réel observable. Pour illustrer cette époque dans laquelle les responsables politiques ont distordu le rapport au vrai, elle s'accompagne ici d'un carnet de bord compilant et commentant les formules les plus ostensiblement fausses prononcées ces dernières années par des gouvernants en responsabilité.
Page après page, ce qui se dessine, ce sont les Chroniques d'un saccage du langage, où l'on voit se dissoudre non seulement le sens des mots, mais aussi, peut-être, le fondement même de notre débat public.
Et si l'ère de la post-vérité nous avait fait entrer, en réalité, dans celle de la post-démocratie ?