Dans L'Art d'être grand-père Victor Hugo prenait déjà le parti de ne point suivre les normes qui commandent au modèle social du comportement attendu des grands-parents. Ce n'est pas une démission ni un rejet d'éventuelles responsabilités, mais une façon de rester soi-même en refusant de jouer le rôle d'une "assise génétique". Faut-il que les grands-parents, au nom d'une bienséance de la transmission, se contentent d'être utiles quand il le faut et d'afficher une sérénité morale? Ainsi le grand-père préfère-t-il retrouver avec ses petits enfants un "état de l'enfance" qui ne l'a peut-être jamais quitté. Il découvre avec eux les jeux de langage qui leur permettent de conquérir leur place dans la société par l'humour de l'apprentissage de la Langue. Profitant surtout des moments à vivre, n'acceptant en aucune façon d'être le représentant de ce qui dure, il partage avec eux la complicité d'une pérégrination dans le temps. L'art de ne pas être grand père est une manière de railler l'esprit de sérieux en apprenant aux petits enfants à voir et à vivre le monde comme un jeu pour laisser perdurer le temps de l'enfance.