L'aventure commence au VIIIe siècle av. J.-C. et même
bien avant.
Le dynamisme et la faculté d'adaptation des Celtes
leur permettent, malgré leur turbulence légendaire
remarquée par les auteurs antiques, de réussir une
première unité culturelle de l'Europe tempérée.
De l'Asie Mineure jusque dans les îles Britanniques,
leur mouvance a laissé des traces que nous fait découvrir
l'archéologie. Guerriers sanguinaires, princes riches
et cultivés, femmes de pouvoir, poètes, druides savants,
maîtres artisans, tous nous lèguent des témoignages
surprenants d'un art raffiné et élaboré qui reflète la
complexité de leur société et de leur vie spirituelle.
Peu d'architecture et d'oeuvres monumentales, mais
des milliers d'armes décorées, des vaisselles, des bijoux,
des chars de combat, des monnaies nous interpellent
par leur graphisme, la profusion de matières nobles
- or, bronze, argent, fer, ambre, corail - les créatures
fantastiques qui les animent, surtout entre le Ve et le
Ier siècle av. J.-C., période d'apogée de l'art des Celtes
et de leur extension territoriale.
D'abord dirigés par des princes régionaux amoureux
d'or, de vin, de richesses, qui, de Suisse, de Bourgogne,
d'Allemagne du Sud, gouvernent jalousement et avec
convoitise des trafics commerciaux avec les voisins
méditerranéens, les Celtes lancent ensuite d'audacieuses
campagnes de conquêtes jusqu'en Italie : les
Romains se souviendront longtemps du sac de Rome
en 386 avant notre ère. Loin de leurs grands fiefs de
Champagne, du Bassin parisien, de Rhénanie, de Sarre
et de Bohême, ils se mettent en route vers les Balkans
et la Grèce - avec pour objectif l'attaque et le pillage
du trésor de Delphes -, puis se lancent à l'autre extrémité
de l'Europe, à l'assaut cette fois pacifique des îles
Britanniques qui seront leur ultime refuge.
Aux IIe et Ier siècles av. J.-C., en effet, le territoire des
Celtes ne fera que se réduire sous la pression des armées
romaines et des Germains. Sur le continent, les Gaulois,
avant d'être complètement romanisés, donneront un
visage à leurs dieux et Vercingétorix sera l'un des derniers
héros de la Gaule libre. Grâce à la main et au génie
des moines lettrés d'Irlande, l'art celte sera conservé
dans les manuscrits et leurs enluminures, véritables
joyaux d'un art du détail qui leur est unique.
C'est l'héritage des mille ans d'histoire de ce monde
des Celtes, puissante «civilisation barbare» constituée
à l'âge du fer et qui finit par se fondre dans l'art de
l'Europe chrétienne, que la présente synthèse propose
de découvrir.