Ce commentaire intégral des Conjectures de Nicolas de Cues
manifeste toute la fécondité de l'oeuvre dans sa complexité. Il
élucide l'art général des conjectures, en explore et approfondit
les sources doctrinales (en particulier lulliennes) et scientifiques :
optiques, mathématiques, biologiques et médicales...
Il montre ainsi que la théorie cusaine de la connaissance constitue
une hénologie des points de vue et met en évidence l'articulation
du rapport entre la vérité, objet de toute recherche connaissante,
et l'altérité, condition de tout être fini, et notamment de l'homme.
La vérité dans l'altérité se révèle alors comme condition de possibilité
de tout ce qui est à partir de l'Un - ce qui constitue l'ordre de
l'être - et comme condition de possibilité de toute pensée. Il s'agit,
dès lors, de saisir la singularité de l'approche cusaine de la réflexion
réciproque entre l'ordre de la pensée et l'ordre de l'être.
Après avoir analysé le concept central de conjecture, entendu
non comme une simple supposition, mais bien comme une connaissance
inadéquate du vrai, la première partie déploie les principes
de la nouvelle méthode, fondée sur l'analogie fondamentale entre
mens humaine et mens divine. La découverte de ces principes
nécessite l'exposition d'une théorie du nombre articulée à celle,
d'inspiration proclusienne, des quatre unités (divine, intellectuelle,
rationnelle et sensible). Cette première partie conduit à la mise
en place de figures manuductrices, paradigmatiques pour notre
connaissance.
La seconde partie du commentaire explicite les exemples d'application
de l'ars coniecturalis donnés par le Cusain en mathématiques,
en philosophie naturelle et en anthropologie.
Le lecteur découvrira ici comment les Conjectures engagent une
philosophie de l'esprit et une philosophie critique, fondamentalement
liées à une pensée de l'hétéronomie.