L'Art (d'être) idiot
Nous n'avons rien à apprendre des idiots, c'est évident !
D'ailleurs, ne sommes-nous pas de plus en plus intelligents, malins, calculateurs, performants ? En tout état de cause une chose est certaine : malheur à ceux qui ne le sont pas. Dans ce paysage, la figure de l'idiot n'est même plus interrogée, elle est purement et simplement effacée, confondue avec celle de l'imbécile, de l'abruti, du demeuré... Pourtant, lorsque Pierre J. Truchot s'arrête, et... nous arrête, sur le personnage remarquable de l'Idiot, nous reconnaissons des visages rares, mais familiers. Des figures croisées au cours de notre existence. Des sourires d'une audacieuse franchise, des paroles étranges à force de sincérité, des accoutrements vestimentaires qui affirment l'incontournable singularité du goût, des oeuvres poétiques, picturales, musicales, généreuses et désarmantes. Oui, assurément, à une époque où certains, frustrés par les limites de l'être humain nous promettent déjà des prothèses, implants et autres nanoaugmentateurs d'humanité, l'idiot continue à s'émerveiller d'une fleur ou du bruissement d'un ruisseau, trouve encore le temps de parler aux enfants, devine la tristesse ou partage les joies de ses interlocuteurs, rit sans méchanceté (pour lui c'est possible) de nos illusions rationnelles. Oui, assurément, l'Idiot n'a rien à nous apprendre.