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S’agit-il d’un roman très autobiographique ? De Mémoires piégés par l’imagination ? D’une fresque drolatique et tendue entre les derniers feux d’un monde proustien et les ambiances métalliques du Palace ou de la Factory ? En vérité, il y a un peu de tout cela dans cet étrange Art d’être pauvre (titre emprunté au dandy Boni de Castellane), où François Baudot revisite, retouche et augmente sa Grande Vie parmi les esthètes du baby-boom. On y rencontre Iggy Pop, Andy Warhol et le Pop Art, le Velvet Underground, des Argentins excentriques aussi bien qu’une foule anonyme de tapins, de travestis ou de voyous. On y prend le thé avec des baronnes avant de traîner dans les mauvais lieux avec des créatures noctambules et transgressives. Dans cette sarabande bientôt dévastée par les années-sida, snobs, milliardaires, artistes ou gigolos se relaient au fil d’un sabbat qui explore une joie de vivre, à en mourir. Difficulté d’être d’enfants trop gâtés, jeunesses désordonnées, on croise là les gauchistes, la révolution gay, l’explosion du disco, la cocaïne, le Saint-Germain existentialiste, les derniers bals du XXe siècle, la jet-set et, surtout, le désespoir joyeux d’une génération qui aura préféré gâcher sa jeunesse plutôt que de n’en rien faire.