Ce livre a été écrit à la fois pour faire connaître aux philosophes ce que les préhistoriens nous apprennent de la naissance de l'art, et pour faire connaître aux préhistoriens ce que les démarches philosophiques peuvent apporter à leurs recherches. Ni les uns ni les autres ne pourront avancer dans leurs disciplines en continuant de s'ignorer, tant sont nombreuses les impasses et contradictions qui découlent pour les uns d'un manque de connaissance, et pour les autres d'incohérences conceptuelles.
Chemin faisant, des questions communes s'imposent : l'art paléolithique manifeste-t-il une sorte de goût inné pour le «beau» ? une pratique magico-religieuse ? une sorte de métaphysique de l'amour et de la mort ? Pourquoi y avoir consacré tant de temps, alors que la glaciation rend la survie problématique ? Et d'où vient le goût esthétique des premières œuvres, s'il n'a pu se former comme le nôtre au contact des productions artistiques ? Tout ce que l'on découvre dans les cavernes est-il vraiment de l'art ? Tenter de tout traduire avec des idées a-t-il un sens ? Le senti, le cru et le pensé sont-ils alors spécifiés ? Quel lien peut unir les œuvres, les numérations cycliques et les représentations sexuelles ? Les analyses de Kant, de Schiller ou de Hegel résistent-elles à ce que révèle cet art naissant ?
Au terme de ce travail, une question s'impose, d'ordre proprement philosophique : nos ancêtres ont-ils inventé l'art parce qu'ils étaient humains, ou bien sont-ils devenus humains grâce à leurs pratiques artistiques ?