L'art de Shakespeare est-il vraiment du même ordre que celui
de Dante, que celui des cathédrales, des pyramides, que celui
des danses des derviches tourneurs, ou des Hindous, comme
certains l'ont prétendu, qui avaient tout au moins le mérite de
rejeter les interprétations modernistes : freudienne, sartrienne,
marxiste... ? A l'encontre de ces mille interprétations, souvent
saugrenues, du théâtre "du plus grand dramaturge de tous les
temps", Martin Lings s'attache à le déchiffrer dans ses profondeurs,
dépassant de loin ce que Paul Arnold et quelques
autres en avaient déjà dit dans ce sens. Martin Lings est, dans
le monde anglo-saxon, un spécialiste reconnu de Shakespeare
: il a enseigné la littérature shakespearienne à l'université
du Caire, tout en étant le secrétaire privé de René
Guénon. Et dans le monde musulman il est reconnu comme
quelqu'un qui sait réellement de quoi il parle lorsqu'il aborde
"le mystère des choses" ; le lecteur verra d'ailleurs que cette
connaissance ne se limite ni à l'Islam ni au Christianisme
traditionnels, mais ouvre, à travers le théâtre de Shakespeare,
sur l'essence universelle de l'homme et de l'art. Il s'agit donc
ici de la réflexion la plus profonde que l'on puisse trouver sur
la relation entre Shakespeare et le mystère des choses : son
exposé emporte la conviction, malgré tout ce que l'on savait
ou croyait savoir sur Shakespeare : l'homme Shakespeare est
un authentique ésotériste, capable de donner à son théâtre la
dimension sacrée qui est intrinsèquement liée à l'ésotérisme
et que laissent clairement percevoir les divers aspects textuels
et scéniques analysés ici.