Ce livre prend position sur les enjeux
et les visées des oeuvres d'art en
matière de vérité et de morale : il
répond, par un retour sur l'époque
des Lumières, aux questions
contemporaines sur l'idée
d'un perfectionnement moral de
l'individu. Les Lumières ont mis au
coeur de la création artistique
les émotions, les affects
et les sentiments, mues par la
conviction de l'efficacité
d'une éducation esthétique de
l'homme, d'une éducation
sensible par le sensible, en
l'occurrence par les oeuvres.
La vérité a-t-elle un sens en matière
artistique ? L'autonomie de l'oeuvre,
la liberté du créateur, la dévaluation
de tout canon au nom d'un global turn
qui contraint au relativisme rendent
aujourd'hui difficile cette affirmation.
Et la sincérité de l'auteur ne saurait
être un argument, tant elle tombe
sous le coup d'un soupçon préjudiciel.
La critique, elle, pourrait-elle
prétendre au vrai ? Mais il y a plusieurs
interprétations possibles d'une
oeuvre, plusieurs interprétations qui
touchent juste, au sens où l'on dit
d'une voix qu'elle est juste, d'un
vêtement qu'il tombe bien.
À partir de quelques études de cas,
Danièle Cohn revient sur l'idée
d'une fin de l'art et propose de fonder
jugement artistique et jugement
esthétique sur la justesse.