Les Papillotos de Jasmin sont un des grands phénomènes d’édition tout au long du XIXe siècle. Editions monolingues ou bilingues, illustrées ou non s’y succéderont. Le XXe siècle est bien plus avare, il ne compte qu’une seule grande édition (celle du 150e anniversaire de la naissance du Poète, 1948) et marque l’oubli relatif dans lequel, désormais, on tient Jasmin, trop précurseur, trop romantique ou trop patoisant suivant les humeurs des uns ou des autres. L’occitanisme, curieusement, le laisse également de côté, à part une édition militante de « Mos Sovenirs », restitués en graphie occitane. Pourtant l’œuvre poétique du coiffeur d’Agen aurait de quoi séduire la renaissance occitane : écrite dans le dialecte d’Agen, languedocien mâtiné « d’un peu-beaucoup » de gascon, elle est facile d’accès ; les thèmes romantiques mais populaires n’ont pas particulièrement vieilli ; la langue est simple, nerveuse, imagée, plus populaire et plus moderne que celle de bien d’autres qui ont écrit en oc après lui, y compris Mistral.
Le 150e anniversaire de la mort de Jasmin donne l’occasion de se lancer dans cette redécouverte. Une mise en orthographe occitane classique — tout en ayant sur la même page le texte et la graphie originale —, permet une compréhension rapide pour tous les locuteurs occitans, débutants ou chevronnés.
Jacques Boé dit JASMIN (1798-1864), né et mort à Agen (Lot-et-Garonne), d’origine modeste, est un conteur-né. Il s’installe coiffeur mais, très vite, les poésies qu’il écrit en oc et qu’il déclame devant des assistances de plus en plus nombreuses, en font une star dans toute l’Occitanie et jusqu’à Paris où il est célébré par les plus grands écrivains français de l’époque. Il est le précurseur le plus connu de la renaissance d’oc au XIXe siècle, bien avant la création du Félibrige en 1854.