La Chine est sans conteste désormais un poids dominant de la scène internationale, maniant une remarquable palette stratégique. Etudier ses postures dans son environnement d’Asie du Sud-Est, vis-à-vis du Japon, de la Corée, de Taïwan, des pays de l’ASEAN, jusqu’à l’Australie, c’est saisir à la fois la force d’actions très diversifiées, et leur limite.
Brutalité militaire en mer de Chine, séduction vaccinale, emprise économique, investissements maniés comme instruments d’influence, tentatives de contrôle des systèmes politiques, propositions d’organisations régionales marginalisant les acteurs extérieurs – occidentaux...- : tous les moyens sont bons pour affirmer la centralité de la puissance chinoise face à des Etats écartelés entre leurs intérêts de voisins et leur volonté d’indépendance. Le rapport des forces en Asie-du Sud-Est pourrait bien être symbolique du monde qui s’annonce.
Le Covid-19 n’a pas bouleversé les logiques géopolitiques à l’œuvre dans le monde : la géographie de la diffusion des vaccins le montre clairement, qui correspond très largement à l’affirmation des puissances dans leurs zones d’influence respectives : il y a une géopolitique de l’immunité. Par contre, les consensus sur lesquels s’appuyait jusqu’à aujourd’hui la mondialisation ont été questionnés, en particulier concernant la soutenabilité des dettes publiques. Comment se refermeront les vannes largement ouvertes durant la crise des crédits publics, et les dettes ainsi créées seront-elles, et comment, remboursées ?