On sait bien peu de choses sur la façon dont nos ancêtres préhistoriques concevaient la mort. Le faible nombre de sépultures paléolithiques attestées, la difficulté à interpréter les vestiges exhumés ou à attribuer l'enterrement et le traitement réservé aux corps à des rituels funéraires ne permettent guère d'en inférer des représentations.
Pourtant, les humains qui nous ont précédés devaient avoir des croyances à propos de l'Au-delà. Leur refuser de s'être interrogés sur cette perspective, au même titre que nous le faisons, reviendrait à oublier notre appartenance commune à une même espèce. Mais comment combler les lacunes de l'archéologie ? Après Cosmogonies, qui avait démontré la robustesse des méthodes phylomythologiques pour reconstituer les mythes du passé en retraçant la généalogie de ceux qui nous sont connus, Julien d'Huy s'attelle ici à répondre à des questions fondamentales : à quoi les premiers Homo sapiens attribuaient-ils leur finitude ? Dans leur esprit, l'humanité était-elle mortelle dès l'origine et, sinon, comment l'est-elle devenue ? Sous quelles formes se figuraient-ils leur dernière demeure et le chemin qui y menait ? Croyaient-ils en une vie après la mort et à la possibilité de revenir de l'autre monde ? Comment envisageaient-ils les relations entre les morts et les vivants ?
C'est dans ce voyage fascinant, véritable archéologie de la psyché, que nous entraîne l'auteur, en montrant la force avec laquelle certains mythes hérités de nos lointains devanciers continuent de nous influencer dans l'art, la philosophie, la religion, voire la science, sécrétant toujours un puissant imaginaire autour de notre questionnement ultime.