Préparer un repas, bricoler, améliorer son logement, fabriquer un meuble
ou un vêtement, cultiver des légumes dans un jardin : l'autoproduction
renvoie à des pratiques de la vie quotidienne. En produisant des biens et
services pour notre propre consommation et celle de notre entourage, nous
apprenons «l'autonomie au quotidien». Loin de favoriser le repli sur soi,
ces pratiques sont une occasion de coopérer, d'échanger, de donner. Elles
ont un rôle de construction de la personne et de socialisation. Mais, pour
diverses raisons, de nombreuses personnes sont privées de la possibilité de
mettre en oeuvre les savoir-faire de la vie quotidienne. L'inégalité des revenus
de l'économie monétaire est alors redoublée par l'inégalité des ressources
non monétaires, ce qui favorise un renforcement des logiques d'exclusion.
L'autoproduction accompagnée - autoréhabilitation du logement, ateliers
cuisine, etc. - consiste à apporter une aide technique et sociale à des publics
défavorisés pour leur permettre de «faire par eux-mêmes». Actives dans
l'amélioration de leurs conditions de vie, les personnes touchées par la pauvreté
et l'exclusion retrouvent une place dans la société. Ce livre a pour
ambition d'inscrire les démarches d'autoproduction accompagnée dans la
panoplie des politiques publiques d'action sociale et de développement
social. Les auteurs montrent que cet outil, à l'heure actuelle sous-utilisé, a
fait ses preuves et qu'il pourrait être généralisé. Ils en présentent la méthodologie
et les résultats. Plus largement, ils invitent le lecteur à rechercher
une autre articulation entre l'économique et le social, et à initier ainsi
un changement, qui s'impose désormais, de nos façons de produire et de
consommer.